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Virus Ebola: «La maladie est loin de s’estomper»

L’épidémie de la maladie à virus Ebola est au centre de toutes les préoccupations. La maladie, qui sévit dans 4 pays de la sous-région, a déjà fait plus de 1.400 décès. Le ministère en charge de la Santé, en prévention des risques de contagion, mène une vaste campagne de sensibilisation des populations et essaie de trouver conjointement avec les pays membres de la Cedeao des solutions idoines pour une lutte efficace. Léné Sébgo, à qui nous avons tendu notre micro, nous fait un état des lieux de la lutte au Faso.

MasterCard_AFK Map_final_v3_FRENCH– L’Economiste du Faso: quel est l’état actuel de l’épidémie du virus Ebola ?
Léné Sébgo, ministre de la Santé: Le virus Ebola est parti d’un pays qui est la Guinée Conakry et aujourd’hui 4 pays de la sous-région sont atteints. Ce sont la Guinée, la Sierra-Leone, le Nigeria et le Liberia, ce qui veut dire que la maladie a pris de l’ampleur. Et au regard des foyers endémiques, nous constatons qu’il y a une recrudescence, et beaucoup plus de contagions et naturellement beaucoup plus de personnes décédées. Nous sommes à environ 1.400 décès. Naturellement, nous avons aussi la République démocratique du Congo qui connait également un début de foyer; mais la Rdc est un pays déjà endémique depuis des années. Cela fait 40 ans que la maladie y existe. L’Oms nous a confirmé qu’il ne s’agit pas d’une contagion à partir de l’un des pays de la sous-région, mais d’un virus qui est particulier à la Rdc. Nous pouvons également redouter que dans cette région de l’Afrique, d’autres pays connaissent des foyers de développement de la maladie à virus Ebola. C’est dire que nous sommes loin de voir la maladie s’estomper. Mais ce que nous pouvons dire, c’est qu’il y a une importante mobilisation de la communauté internationale, pour qu’ensemble, nous puissions faire disparaître ces foyers, et permettre à nos pays de redevenir sereins et de continuer à entreprendre les activités en matière de développement. L’Organisation ouest africaine de la santé qui est l’organisme spécialisé de la Cedeao s’occupant de la santé a estimé, dans le cadre de la lutte contre la maladie à virus Ebola ,que les Etats puissent se concerter afin de voir ensemble quelles sont les mesures à prendre afin d’éradiquer la maladie. Ce sont, donc, les 15 pays de la Cedeao qui se sont rencontrés au Ghana. A cette réunion, il a été question d’échanger et voir les bonnes pratiques des autres pays en matière de la lutte contre le virus Ebola, et de nous exprimer par rapport à nos préoccupations concernant l’évolution de maladie.

– Quelles sont les mesures de prévention mises en place par le ministère de la Santé pour éviter les risques de contagion ?
Nous avons la chance de ne pas être des voisins directs de pays où sévit la maladie. Mais ne sachant pas par quel chemin le virus peut arriver chez nous, mieux vaut prévenir. Dès l’apparition de la maladie, nous nous sommes dotés d’un plan de riposte et nous essayons de développer des activités rentrant dans le cadre de la mise en œuvre de ce plan. Nous allons développer les activités en allant pas à pas. Nous n’avons pas voulu mettre toutes les activités en œuvre. Pratiquement, depuis le mois de mai, nous avons commencé la surveillance épidémiologique aux frontières, et surtout des pays comme le Mali et la Côte d’Ivoire qui sont eux-mêmes des pays voisins aux pays endémiques. Au fur et à mesure, nous avons essayé d’étendre les activités sur l’ensemble du territoire. On peut les situer à plusieurs niveaux. Le premier est le renforcement des capacités de notre personnel de santé. Les agents de santé sont ceux qui sont toujours à l’avant et les premiers à être en contact avec les malades. Nous avons donc tenu à leur donner un ensemble d’informations sur la maladie.
Nous avons transmis à toutes ces structures des directives de prévention de la maladie fournies par l’Oms et nous avons positionné des kits de protection dans toutes nos régions et naturellement des médicaments qui peuvent lever les symptômes de la maladie car, il n’y a pas de traitement de la maladie elle-même, mais il y a que les symptômes, vomissement, fièvre, etc., que nous pouvons soigner. Toujours dans le cadre de la lutte, nous avons réactivé nos plans régionaux à travers les comités régionaux de lutte contre la maladie qui existaient. Toutes les commissions ont été mises en activité pour donner l’information et sensibiliser les populations.
Au niveau des aéroports, nous avons mis des gels antiseptiques pour pouvoir se nettoyer les mains dès l’arrivée sur le territoire burkinabè. Nous avons aussi mis en place des thermomètres à laser pour prendre à distance les températures des passagers qui arrivent, de telle sorte à pouvoir surveiller les cas fébriles. Et si le cas survenait que quelqu’un ait une température supérieure à 38.5, nous l’interrogeons sur ses antécédents et ses déplacements et si le besoin se faisait, nous le prenons en charge.
Dans ce cadre, nous avons choisi les lieux d’isolement des potentiels malades. Nous avons équipé ces lieux, aussi bien à Ouagadougou que dans nos différentes régions. Nous espérons bien ne jamais avoir à les utiliser. Au niveau des frontières terrestres, un dispositif de surveillance a été également mis en place avec des prises de température systématique. Nous nous sommes également assurés d’avoir un laboratoire prêt à analyser les prélèvements quel que soit l’endroit. Nous avons déjà effectué quatre prélèvements que nous avons soumis au laboratoire pasteur de Lyon qui est un laboratoire de référence en matière de dépistage de la maladie à virus Ebola. Heureusement, ces 4 cas sont négatifs.
Actuellement, nous sommes dans la phase de sensibilisation tous azimuts, nous avons déjà rencontré les journalistes et les communicateurs, nous allons également avoir des ateliers avec les hôteliers, le secteur privé de santé, les transporteurs, les tradi-praticiens, etc.

– Pensez-vous que les moyens de détection mis en place soient efficaces pour éviter que des malades atteints du virus Ebola ne franchissent nos frontières ?
Certes, nous n’avons pas le moyen pour détecter un cas en période d’incubation, mais ce que nous faisons est que lorsqu’une personne vient d’un pays endémique, nous puissions disposer de l’ensemble des informations le concernant. Le problème n’est pas la personne malade à elle seule en réalité, mais les autres problèmes connexes sont plus importants, notamment ses sujets de contact.
Lorsqu’un cas se déclare, le problème est comment retrouver tous les sujets contactés afin de minimiser la suite. En cela, lorsque nous constatons que le voyageur vient d’un pays endémique, nous essayons d’avoir le maximum d’informations, et nous essayons de le suivre pour voir si pendant un certain temps il ne développe pas les signes de la maladie. Des pays ont fermé leurs frontières avec les pays endémiques. Nous avons 6 pays voisins qui, heureusement, ne sont pas affectés. Nous ne sommes donc pas dans le cas où il faut impérativement fermer nos frontières avec les autres. Il nous faut faire attention car, nous nous approvisionnons de l’extérieur et fermer toutes nos frontières à ce stade pourrait créer d’autres problèmes. Nous travaillons avec les pays voisins afin de permettre la fluidité des voyageurs.

– Certains pays comme la Côte d’Ivoire ont adopté des mesures drastiques dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola, demandant à leurs populations d’éviter de se saluer. Qu’en est-il ici ?
Nous n’avons pas interdit à la population de se saluer comme c’est le cas ailleurs car nous n’avons pas la pertinence et l’efficacité de cette mesure. Mais c’est aux hommes eux-mêmes de changer de comportement car nous sommes dans une grande ville, et nous devons avoir des règles de bonne conduite. La maladie vient nous rappeler les règles de santé publique et les B.A.ba de l’hygiène. Tout petit, nous avions appris ces règles, mais avec le temps, nous les avons reléguées au second plan. Ce que nous devons faire, c’est de mettre en pratique ces règles d’hygiène que nous avons apprises. Se laver les mains après plusieurs contacts, se laver les mains avant de manger, et après les selles.

– Où comptez-vous trouver les 13 milliards nécessaires à la lutte contre le virus Ebola ?
Toute les fois qu’ un plan de développement est mis en place, il existe un budget qui n’est pas toujours bouclé. Nous avons fait un plan à plusieurs étapes. Actuellement, nous sommes à l’étape de prévention et nous avons un ensemble de besoins à ce niveau. L’Etat a déjà mobilisé 1,100 milliard de F CFA qui nous permet de gérer la première phase. Les autres partenaires nous viennent en aide avec les kits de protection. L’Oms nous en a donné 4.000. Les partenaires doivent, eux-aussi, nous appuyer. Ce qu’il faut savoir est que la lutte contre une maladie est l’affaire de tous. Car en nous protégeant, nous protégeons également les pays voisins et la communauté internationale. C’est une lutte régionale intégrée, et il est normal que les autres mettent la main à la pâte. La contribution n’est pas seulement financière, mais aussi dans le savoir-faire, car nous n’avons pas une connaissance de la maladie, il nous faut donc une assistance. La lutte contre cette maladie nous permet aussi d’équiper les centres qui ont besoin d’équipements qui pourront servir au cas où il y aurait une épidémie, mais aussi après. Nous apportons donc des tentes médicalisées aux régions, des véhicules spécialisés pour les déplacements, des sacs mortuaires, etc. il y a un ensemble de besoins auxquels nous devons faire face.
Ce sont donc des faiblesses auxquelles nous remédions en même temps. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut mobiliser 13 milliards maintenant, car nous n’en avons pas besoin à l’étape actuelle. Nous avons besoin de ce qu’il faut pour commencer et je puis vous assurer que nous n’avions pas eu de besoins qui n’aient été satisfaits dans le cadre de la lutte contre la maladie. Nous avions besoin de renforcement et nous avons fait appel aux partenaires qui se sont mobilisés. Donc en plus de l’Etat, nous avons le soutien des partenaires car ,c’est une lutte commune à tous.

– Votre ministère n’a-t-il pas relégué au second plan la lutte contre le paludisme qui fait des ravages actuellement au profit de la prévention contre le virus Ebola ?
Tout le monde est unanime quant au fait que des situations comme les épidémies de la crise Ebola viennent remettre en cause les organisations des pays en matière de développement. En effet, nous sommes en période où le paludisme est accentué. Ebola est venu nous faire perdre la tête car nous n’avons pas de remède à cette maladie qui nous est étrangère. Néanmoins, soyez rassurés, tous ceux qui s’occupent du paludisme le font toujours. Il y a eu de beaucoup de formation sur les nouveaux protocoles qui doivent être mis en œuvre dans le traitement de la maladie et les prises en charge continuent.
Mais je suis d’avis que si on n’y prend garde, nous allons remettre en cause les acquis en matière de paludisme. Il faut que les médias soient les relais auprès des populations pour rappeler à tous les règles d’hygiène et aux agents de santé de ne pas paniquer, de rester toujours serein car dans la panique, nous risquons de perdre tout notre potentiel.


 

Le plan de riposte du Gouvernement

Notre plan de riposte est en trois phases, la phase actuelle est celle de prévention et consiste à informer les populations.
La seconde phase est celle de la prise en charge au cas où une épidémie arriverait et enfin la phase d’évaluation. Nous espérons ne pas dépasser la première phase. C’est une lutte qui ne concerne pas que le ministère de la Santé. C’est ainsi que les autres ministères essaient d’accompagner notre plan de riposte. Le ministère de l’Environnement a donc suspendu la chasse aux roussettes et a demandé aux populations d’éviter la manipulation des animaux retrouvés morts et la viande de brousse.
L’Action sociale a suspendu les colonies de vacance à l’extérieur du pays, le ministère des Affaires étrangères a reporté le sommet des chefs d’Etat sur l’emploi. Le ministère en charge de la Communication, lui s’active à faire passer des messages de lutte et de sensibilisation. o

Entretien réalisé par Germaine BIRBA

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